jeudi 6 juin 2024
IA et communication visuelle : attention aux chants des sirènes !

 

Entre débats, questionnements et polémiques…
les IA continuent de faire parler d'elles 

Il n'y a pas si longtemps dans une galaxie pas très lointaine, certains craignaient que les IA génératives d’images telles que Midjourney ou DALL-E allaient faire des miracles au point de tout faire à leur place et bien plus encore. Après un an et demi d’utilisation de ces machines, tous les retours d’expérience ont bien largement montré que les IA étaient une aide à explorer de nouvelles idées créatives mais aussi vous faire gagner du temps sur certaines taches (assez laborieuses il faut bien l'avouer) de recherche d’images spécifiques pour illustrer une présentation ou encore un storyboard…) mais de là à croire qu’elles étaient capable de fournir un travail suffisamment irréprochable pour en faire le visuel clé d'une campagne sans aucun effort relève d'un sévère manque d’exigence. Et évidemment il en a bien fallu quelques uns pour ne pas résister aux sirènes de la facilité et bien mal leur en ont prit.

"Là où vous autres voyez des choses idéales, moi je vois des choses humaines, hélas, bien trop humaines !" soulignait F. Nietzsche dans "Humain, trop humain ».

Finalement ce que 90% des détracteurs reprochent à l’IA c’est de faire des images sans âme aussi esthétiques soient-elles. Mais une fois qu’on a dit ça, on n'a pas dit grand chose non plus car qui utilise la machine ? C’est l’humain qui est derrière non ? C’est toujours bien de lui qu’il s’agit !

Un outil sans limite mais pas sans défauts

L'IA générative d'images reste un outil et comme tout outil il produit ce qu'on en fait. Chaque outil a ses spécifités et évidemment ses défauts. Prenez un marteau, il sera très pratique pour planter un clou mais en soi il ne vous empêchera pas de le planter de travers si vous vous y prenez mal. La pensée c’est pareil, on réfléchit d'abord avec ses propres outils : ses connaissances, son expérience, son imagination, sa créativité,… Se reposer uniquement sur la machine est bien l'erreur principale à ne pas commettre. L'erreur humaine c'est de ne rien faire pour corriger celles inhérentes à la machine.

De Roland Garros à la Nuit des Molières… l'IA ne fait pas que des heureux.

Croire que la machine va produire une image digne d'intérêt en quelques minutes et de finalement s'en contenter c’est possible ! Les exemples qui suivent en témoignent. L'erreur ici est bien humaine et sa seule faute est de ne pas considérer que donner de la consistance et de la profondeur à une idée est a base du travail d'un créateur. Comme au tennis plus les échanges sont longs et plus c'est intéressant.

Ça tombe bien le Tournoi de Roland Garros bat son plein ! Cette année l’affiche de l’évènement a fait grincer des dents son esthétique typée « impressionnisme" de cours de récré a fait le tour des réseaux sans convaincre grand monde. L’idée du terrain de tennis dans une Seine orange baignée d’un soleil couchant n'était pas catastrophique en soi mais voilà l’IA n'est pas Claude Monet ! Le résultat ressemble à un exercice de peinture d’un élève de 3e et les justifications puériles de l’artiste face à la polémique n’ont fait que valider le manque de réflexion et de profondeur alloué au projet.

Le second événement d’envergure de ce printemps à avoir été éclaboussé par l'utilisation de l’IA a été "La Nuit des Molières". Polémique à nouveau avec les mêmes critiques que pour Roland Garros, un manque d'exigence évident tant sur le style, la facture que de la crédibilité anatomique. L'IA ne sait pas faire les mains et cela fait parti de ses défauts les plus flagrants qu'il faut surveiller avec beaucoup d'attention, tout professionnel le sait alors pourquoi donner ainsi le baton pour se faire battre ? Humain trop humain aurait répondu Nietzsche. 

Ce qu'il faut en retenir, c'est qu'il est primordial pour le créateur de réfléchir à ce qu'il va faire en utilisant l'IA et en premier lieu de prendre du recul sur son travail. Il est nécessaire de faire des pauses pour questionner son champs de connaissance esthétique et pour juger de l'image ainsi produite. Est ce une bonne image ? Va t-elle rester dans le temps ? Apporte-t-elle quelque chose de nouveau ? Ses qualités esthétiques sont-elles convaincantes ? Son processus de création a t-il permis d'approfondir l’idée de départ ? Etc… Des questions que l'on ne se posait pas il y a encore 20 ans… normal les réseaux sociaux n'existaient pas encore et les images n'étaient pas en compétition. La faculté de juger, de critiquer et surtout de partager son opinion n'étaient pas répandus comme aujour'hui.

Aux prémisses de la communication, quand le Moulin Rouge commandait son affiche à Toulouse Lautrec, il n'y avait pas beaucoup de gens à donner son avis… où alors c'était tard le soir après la quatrième tournée d’absinthe… on disait quoi déjà ?